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除了为福利国家筹资,累进税制还能缩小市场和私有财产制所带来的贫富差距,特别是限制社会阶层顶端的收入及资产的过度集中,必要的话可对占有最多资源和财富的人征收重税。应通过尽量心平气和、讲求实际的公开辩论来制定相关税率,参照历史经验教训,着重探讨追求经济发展和创新过程中产生的贫富差距程度是否合理,以及该社会中不同阶层享受到的增长率分别是多少。
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累进税制的最后一重作用——可能也是最重要的一重作用——就是使收入和资产变化透明化、公开化。一直以来都是如此:除了筹资和再分配的作用,税收还可用以区分各种法定类别和统计类别,让社会更好地认识自身,并依照经济和社会现实的演变来采取相应的政策(尤指征税率,但不限于此)。这必须基于公开可靠的信息。如果缺乏这样的信息,政治辩论往往凭借对不同阶层的人群所占有资源的想象来讨论问题,导致民粹主义滋生,得出错误结论。不要体温计是不能让发热的人降温的。
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中国在20世纪80年代初开始实行了累进税制,从某些方面来看与大部分发达国家自20世纪初实行的税制相似,但存在一个很大的不同点:制度不太透明,尤其税务部门仍旧不定期公布详细的税收数据,以反映不同收入等级、水平和类别每年的变化。这基本上解释了为什么很难测算出中国收入差距的演变,为什么官方数据(基于有限的家庭抽样调查和收入自动申报)总会低估财富不平等水平,特别是分配制度顶层的不平等(只有依据详尽和强制性的税收数据才能准确测算)。结果就是中国的经济增长收益的社会分配情况鲜为人知。
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鉴于中国社会中的资产越来越庞大,我认为也可对遗产继承和捐献实行累进税,并对资产征收年度累进税,而且公布相应数据。发达国家的历史经验表明,人口数量的停滞——特别是目前中国出现的人口负增长——会使过去累积的资产在税收结构中所占比重上升。在一个每对夫妇生十个孩子的社会里,最好不要对遗产抱太大希望,而需要靠自己攒钱积蓄。反过来,如果每对夫妇只有一个孩子,这个孩子会继承两边的财产(假设父母名下有的话)。因此,未来数十年里中国人的遗产继承会越来越多。实际上就是说那些只有一份工作的人——尤其是农村打工者——会非常难以取得城市资产。在这种条件下,对巨额遗产继承进行征税是合理的,以减轻工薪族的纳税负担。至少,应该可以基于可靠数据对此进行讨论。
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出于同样的考虑,或许也可以对房地产及金融资产(除去负债后的净额)征收年度税,增加资产的流动性。在此必须强调,这样的税制会增强资本分配(尤其是分配顶层)的公共透明度。税务部门可每年公布100万 ~500万元、500万 ~1 000万元、1 000万 ~5 000万元、5 000万 ~1亿元、1亿元以上(以此类推)各个等级的数目及金额的变化,年收入也如此。如此一来,每个人都可以了解国内的财富分配变化情况,并思考应采取何种政策改变其发展趋势。
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以上这些既涉及税务,又涉及政治和民主,是否能实现?与无法相互协调、陷入过度税收竞争的欧洲小国相比,中国的优势之一是国土辽阔、人口众多、经济体量大——很快将占全球国内生产总值的1/4。这应该可以让中国政府实施银行信息的自动传输、金融证券的登记,制裁和监管不合作的外国银行,从而高效地组织管理公平的累进税制度。美国的联邦机构有时看起来跟欧洲同等机构一样无能,欧洲机构还似乎越来越倾向于只为一小部分经济和金融精英服务;相对而言,中国原则上可以凭借强有力的中央统一领导体制和高层领导者的反腐和促进公益的决心贯彻累进税制,免于游说集团的压力和竞选政治献金带来的束缚。当然,中国很大一部分政治精英不会从财富透明、累进税制和法治国家中得到什么好处。而一部分愿意放弃特权、为公益做贡献的人似乎认为政治民主的上升将彻底危及泱泱大国的统一,但政治民主是必定与经济民主携手而行的。有一件事是肯定的:中国会从诸多矛盾之中找出一条独一无二的决定性道路,其他国家也是如此。历史自会开创新的道路,往往就在最出人意料之处。
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2014年8月1日于巴黎
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21世纪资本论 中文版自序(原文)
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Je suis très heureux que mon livre“Le capital au 21esiècle”,paru en français en septembre 2013 et en anglais en mars 2014,soit maintenant publié en chinois. La Chine tente depuis plusieurs décennies de construire son propre modèle,sa propre voie hybride,entre capitalisme et communisme,en tirant notamment les leçons des échecs et des réussites des expériences occidentales en ce domaine au cours du 19eet du 20esiècles,et en s’appuyant bien sûr sur ses propres traditions. J’espère que les matériaux historiques présentés dans ce livre contribueront à alimenter ces réflexions et ces débats essentiels pour notre avenir commun,en Chine comme dans le reste du monde. Car les problèmes que nous avons à résoudre-concilier effi économique,justice sociale et émancipation individuelle; éviter que les bénéfi de la mondialisation et de l’ouverture commerciale et financière ne soient massivement accaparés par une minorité; empêcher une dégradation irrémédiable de notre capital naturel- sont fondamentalement les mêmes dans les différentes parties du monde. Etsi la Chine peut tirer des bonnes et des mauvaises leçons des expériences étrangères,le reste du mondeαégalement beaucoup à apprendre de l’expérience chinoise. le système socio-économique idéal reste encore et toujours à réinventer,et pour cela l’expérience historique des uns et des autres,hors de toute idéologie,et en dépassant autant que possible les antagonismes liées aux identités nationales,demeure notre meilleur guide.
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Mon livre porte sur l’histoire de la répartition des revenus et des patrimoines depuis la Révolution industrielle. En m’appuyant sur des données inédites collectées grâce à de nombreux chercheurs dans plus de 20 pays,je tente d’écrire une histoire humaine,vivante et abordable de l’argent,et des conflits sociaux,politiques et culturels suscités par son inégale répartition. Je tente également dans la quatrième partie de l’ouvrage de tirer quelques leçons pour l’avenir-mais en vérité mon principal objectif est d’apporter des éléments historiques et factuels permettant à chacun d’écrire sa propre quatrième partie. pour des raisons de disponibilité des principales sources utilisées-en particulier les déclarations de revenus,quidans de nombreux pays existent depuis les premières années du 20esiècle;les archives successorales,qui permettent dans certains cas de remonter au début du 19esiècle; et les comptes nationaux de patrimoines et de revenus,qui débutent dans quelques pays au début du 18esiècle-le livre repose avant tout sur l’expérience historique des pays aujourd’hui riches. Les cas du Royaume-Uni,de la France,des Etats-Unis,de l’allemagne et du Japon sont particulièrement sollicités.
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le lecteur chinois,de prime abord,pourrait donc se sentir peu concerné. il pourrait même être tenté de considérer que ces nouvelles peurs inégalitaires qui se développent actuellement aux Etats-Unis et en Europesont un luxe de pays déjà développés,et que ces soucis de riches se situent à des années-lumière des préoccupations chinoises,entièrement tournées vers la formidable croissance qui anime le pays depuis les années 1980- 1990 et le sort si spectaculairement de la pauvreté. Rien pourtant ne serait plus faux. les pays émergents-à commencer par la Chine et l’inde-sont bel et bien inclus dans la base de données internationales sur les inégalités de revenus utilisée dans le livre (la“World top incomes Database”),avec il est vrai quelques difficultés,sur lesquelles je reviendrai plus loin. De façon plus générale,les pays émergents occupent une place importante dans la perspective mondiale qui est celle de mon livre. les deux premiers chapitres,en particulier,traitent de la répartition de la production et des revenus au niveau mondial,et la Chine y joue bien évidemment un rôle essentiel. J’analyse le processus de rattrapage actuellement à l’œuvre des piB par habitant entre pays pauvres et riches,puissante force de convergence et de réduction des inégalités,qui doit beaucoup à la diffusion des connaissances et des qualifications (processus vertueux d’investissement social dans lequel la Chineαrelativement mieux réussi que la plupart des autres pays en développement). l’amérique du Nord regroupe actuellement environ un quart du piB mondial,l’Europe un second quart,et la Chine un petit troisième quart (en fait un peu moins). la part des deux premiers ensembles est appelée à baisser considérablement au cours des prochaines décennies,et la part de la Chine et des autres pays émergents à augmenter,à la mesure de leur part dans la population mondiale.
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Mais cet impressionnant processus de croissance et de convergence ne doit pas faire oublier que la question des inégalités concerne autant laChine que les pays les plus riches-et concernera la Chine de plus en plus au cours des décennies à venir,car la croissance finira inévitablement par ralentir. les indicateurs officiels indiquent traditionnellement que la répartition des revenus est faiblement inégalitaire en Chine par comparaison aux autres pays du monde-mais il n’est pas sûr que ces indicateurs soient totalement fi bles. Plusieurs enquêtes menées récemment dans des universités chinoises suggèrent une forte progression des inégalités de patrimoines en Chine,qui selon certaines estimations seraient passées d’un niveau proche de la Suède dans les années 1990 et au début des années 2000 à un niveau proche des Etats-Unis au début des années 2010-voire un peu plus élevé encore.αce stade,personne ne sait très bien- mais on en sait largement assez pour conclure que la question mérite d’être étudiée davantage,et ne pourra plus longtemps être laissée dans l’ombre.
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Qu’en est-il de l’évolution du rapport capital/revenu,c’est-à-dire le rapport entre le montant global du capital (immobilier,professionnel,industriel et financier,net de dettes) et le revenu national du pays? là encore,les estimations disponibles pour la Chine sont fragiles. Mais plusieurs éléments-en particulier les très forts taux d’épargne et d’investissement,ainsi que le gonflement parfois démesuré des prix immobiliers-laissent à penser que la hausse tendancielle du rapport capital/revenu observée ces dernières décennies dans les pays riches est également à l’œuvre en Chine. Des estimations actuellement en cours de réalisation du stock de capital national chinois et de son évolution semblent confirmer cette tendance,avec toutefois des particularités importantes,liées notamment à l’importance du capital public dans le contexte chinois. le capital privé représente actuellement la quasi-totalité du capital nationaldans les pays riches: toujours plus de 90%,voire même plus de 100%dans les pays-comme l’italie-où le capital public est devenu négatif,c’est-à- dire où les dettes publiques sont plus importantes que les actifs publics,ce qui contribue à accroître l’ampleur des patrimoines privés. il en va de même dans les pays de l’ex-bloc soviétique,qui avec une belle énergie ont transféré la quasi totalité de leur capital public à des détenteurs privés depuis le début des années 1990.
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De ce point de vue,la Chine est une exception d’importance,puisque le capital public semble actuellement représenter autour de la moitié du capital national (ou peut-être entre le tiers et la moitié,suivant les estimations). Dans la mesure où la propriété publique permet une répartition plus équilibrée des richesses que le capital contribue à produire,et du pouvoir économique qu’il confère,cette plus grande importance de la propriété publique peut contribuer à dessiner les contours d’un modèle chinois structurellement plus égalitaire,et plus soucieux de la préservationdu bien public face aux intérêts privés. la Chine aurait finalement su trouver en ce début de 21esiècle le bon compromis entre capital public et privé,une véritable économie mixte,à l’abri des soubresauts,des têtes-à- queues et des effets de mode qui ont marqué le reste du monde d’un bout à l’autre du 20esiècle.
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Cette façon de voir les choses pêche cependant sans doute par optimisme,ou bien par naïveté,et probablement les deux à la fois. Chaque modèle est toujours en perpétuelle reconstruction,en réinvention permanente,et ne peut exister que parce qu’il avance. le capital privéαbeaucoup gagné en importance en Chine depuis les années 2000,et il est possible que l’estimation approximative indiquée plus haut concernantla part du capital public dans le capital national soit déjà dépassée-tant il est vrai que ces estimations sont fragiles. Surtout,si la propriété publique du capitalαdes vertus évidentes dans des secteurs tels que l’éducation,la santé,les infrastructures,les choses sont parfois beaucoup moins claires dans le cas du capital public industriel et fi . Dans ces secteurs,la propriété publique,tout du moins dans sa forme étatique traditionnelle,ne conduit parfois ni à l’effi ni à l’égalité,et encore moins au partage démocratique du pouvoir,et peut même dans certains cas s’accompagner de stratégies de captation et d’appropriation indue par les responsables supposées en charge du bien public. Même si le processus se fait de façon moins extrême et moins rapide que dans l’ex-bloc soviétique,le mouvement de transfert du capital public vers le capital privé est déjà bien entamé en Chine,en partie pour des raisons légitimes d’efficacité économique,et parfois avec au passage des enrichissements individuels totalement disproportionnés. De plus en plus,la China sécrète elle aussi ses oligarques.
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le gouvernement chinois est actuellement lancé dans une vaste campagne de lutte contre la corruption. De fait,la corruption constitue sans doute la forme la plus injustifiée de l’inégalité,la forme la plus inacceptable de l’accumulation excessive des richesses entre quelques mains. il est donc tout à fait indispensable de s’y attaquer en priorité. pour autant,il serait bien naïf de penser que seule la corruption est à l’origine d’une inégalité injuste et d’une concentration excessive des richesses. le processus d’accumulation et de répartition du capital privé contient en son sein des forces puissantes conduisant à une concentration souvent extrême de la propriété. Comme je le montre dans mon livre,en étudiantnotamment les trajectoires hyper-inégalitaires des pays européens au 19esiècle et jusque la Première guerre mondiale,ainsi que les tendances explosives observées ces dernières décennies au niveau des plus grandes fortunes mondiales,cela s’explique notamment par la tendance dans le long terme à ce que le rendement du capital (en particulier le rendement obtenu par les portefeuilles les plus importants) dépasse sensiblement le taux de croissance de l’économie. Cette inégalité r > g permet aux inégalités patrimoniales initiales de se perpétuer dans le temps (les détenteurs du capital peuvent se contenter de réinvestir une faible fraction des revenus produits par leur capital,et d’utiliser la majeure partie pour fi leur niveau de vie),avec potentiellement des niveaux très élevés de concentration du capital.
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Ces tendances inégalitaires peuvent certes être aggravées par la corruption et la manipulation des marchés au bénéfice de quelques uns-mais elles ne s’y réduisent pas. pour les contrer,il faut également développer tout un ensemble d’institutions publiques et démocratiques permettant de mettre le capital et le capitalisme au service de l’intérêt général. parmi ces institutions figurent notamment le développement de nouvelles formes de propriété et de gouvernance participative,dans tous les secteurs,mais également l’impôt progressif sur les revenus et sur les patrimoines,institution que je voudrais maintenant évoquer ici,en particulier dans une perspective chinoise.
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L’impôt progressif,dans sa forme idéale,met à contribution tous les revenus et les patrimoines,sans passe-droit ni exception,avec des taux d’imposition d’autant plus élevés que les niveaux de revenus et de patrimoines sont importants. De mon point de vue,l’impôt progressif joueun triple rôle dans une société juste.
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Tout d’abord,il permet de financer de façon la plus juste possible les services publics,les protections sociales et les institutions éducatives indispensables pour que le processus de diffusion des connaissances,des qualifications et des opportunités sur lesquels repose le développement économique et social puisse se dérouler harmonieusement. la Chineαsu mieux que d’autres pays relever le défi de l’alphabétisation et de la scolarisation universelles. pour relever celui de l’enseignement secondaire et supérieur de masse et de qualité,et éviter les pièges de la stratifiet de l’inégalité éducative exacerbée entre enfants de riches et enfantsde pauvres,qui menacent aujourd’hui le pays,il faudra des fipublics adéquats. plus généralement,l’Etat social chinois reste largement à bâtir.
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Outre son rôle de fi de l’Etat social,l’impôt progressif permet également de réduire les inégalités générées par le marché et le système de propriété privée,et en particulier de limiter la concentration des revenus et des patrimoines au sommet de la hiérarchie sociale,si besoin au moyen de taux très élevés sur les personnes disposant des ressources et des fortunes les plus importantes. Ces taux d’imposition doivent être fi à l’issue d’un débat public aussi serein et pragmatique que possible,en fonction des leçons que l’on peut tirer de l’histoire,notamment au sujet des niveaux d’inégalité que la recherche de la croissance et de l’innovation peut légitimement justifi ,et des informations disponibles sur les taux de croissance dont bénéfi ient les différentes classes sociales dans la société considérée.
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Enfi et peut-être surtout,le troisième rôle de l’impôt progressif estprécisément de produire de la transparence et de la connaissance sur la dynamique sur les revenus et les patrimoines. Il enαtoujours été ainsi: au-delà de son rôle de financement et de redistribution,l’impôt produit également des catégories juridiques et statistiques permettant à la société de mieux se connaître elle-même,et d’adapter les politiques suivies- en particulier les taux d’imposition,mais pas seulement-à l’évolution de la réalité économique et sociale,sur la base d’informations fiables et publiquement disponibles. En l’absence de telles informations,le débat politique s’alimente souvent de fantasmes sur la réalité des ressources dont disposent les différents groupes sociaux en présence,ce qui conduit à nourrir le populisme et les fausses solutions. Ce n’est pas en se passant de thermomètre que l’on fait tomber la fièvre.
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La Chine dispose depuis le début des années 1980 d’un système d’impôt progressif sur le revenu,qui par certains côtés ressemble aux systèmes en place depuis le début du 20esiècle dans la plupart des pays riches. avec toutefois une différence importante: le système est peu transparent,et en particulier l’administration fiscale chinoise ne publietoujours pas de statistiques régulières et détaillées sur la façon dont les différentes tranches,niveaux et catégories de revenus progressent d’une année sur l’autre. Cela explique en grande partie pourquoi il est si diffide mesurer l’évolution des inégalités de revenus en Chine,et pourquoi les indicateurs officiels (qui reposent sur des enquêtes auprès des ménages fondées sur des échantillons limités et sur l’auto-déclaration des revenus) tendent à sous-estimer l’inégalité,notamment au sommet de la répartition (que seules des données fi ales exhaustives et contraignantes permettent de mesurer correctement). la conséquence est que la répartition sociale desgains de la croissance est relativement mal connue en Chine.
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